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Portrait d'Astrophotographe - Adrien Keijzer
Catégories :
Portraits d'Astrophotographes
Présentation
Ne vous fiez pas à son masque de lama ! Adrien Keijzer est peut-être un bout en train sur les réseaux, mais quand il s’agit d’astrophoto, il nous met tous sur le carreau. Originaire de Laval, Adrien fait partie de ceux qui ont toujours eu la tête dans les étoiles… sans imaginer qu’on pouvait réellement capturer leur lumière depuis un simple jardin. Pour lui, l’astrophotographie était un domaine réservé à une élite équipée de télescopes gigantesques. Jusqu’au passage de la comète Neowise, en 2020. Sur les réseaux, il découvre les images réalisées par des amateurs… et tout bascule.
Sans plus attendre, il commande son premier setup orienté astrophoto. Il raconte d’ailleurs, non sans humour, que l’oculaire n’aura servi qu’une seule fois ! Aujourd’hui membre de l’Observatoire Populaire de Laval, Adrien transmet ce qu’il a appris et participe régulièrement à des projets ambitieux, notamment avec Deep Sky Collective. Brico-passionné, il a construit un observatoire complet à moindre coût, ainsi qu’un rotateur maison. Rien n’arrête ce lama déchaîné. Entre passion, autodérision et maîtrise technique, difficile de ne pas s’attacher, non ?
Son matériel #OU
Le setup d’Adrien est à son image : optimisé et parfaitement fonctionnel. Il se compose d’un doublet 102/714 sur lequel il a monté un train composé d’une caméra ZWO ASI1600-MM, d’une roue à filtres équipée de filtres LRVB-SHO et de son fameux rotateur maison !
La monture quant à elle est une réputée Sky-Watcher EQ6-R, parfait pour porter ce setup exigeant. Niveau pilotage, il a su tirer parti de la Pocket Powerbox de Pegasus Atyro. Un ensemble cohérent, complet, et clairement utilisé à 100 % de son potentiel.
Adrien nous propose aujourd’hui sa version de la somptueuse WR134, une étoile Wolf–Rayet située dans la constellation du Cygne. Nous vous avions d’ailleurs déjà présenté la version de Sylvain Combes courant septembre. C’est une cible redoutable, exigeante, réputée pour ses structures incroyablement ténues. À cela s’ajoute un rebondissement digne d’un feuilleton : Adrien avait commencé les acquisitions en OIII avec un premier filtre 7nm mais le résultat catastrophique lui semblait catastrophique.
Dans sa quête de la perfection, il n'hésite pas à jeter 24 heures de poses et s’achète un nouveau filtre de 3nm pour repartir de zéro sur la même cible. Un choix courageux, mais qui donne aujourd’hui cette bulle bleutée si caractéristique. Autre anecdote : cette image est exposée actuellement en 120×80 cm à l’Observatoire Populaire de Laval, un hommage public à sa persévérance.
Pour Adrien, ce fut d’ailleurs un long périple :
- Ha : 41 x 300s → 18h50min
- SII : 25 x 300s → 15h15min
- OIII : 26x 1800s → 17h30min
- RVB : 3 x 30min → 1h30 min
Total : 53h05min
Décryptage scientifique
WR134 n’est pas seulement une bulle soufflée par une étoile Wolf-Rayet : c’est une véritable tempête figée dans le vide. À mesure que l’étoile projette des vents à des milliers de kilomètres par seconde, ceux-ci arrachent, étirent et compressent le gaz autour d’elle, créant un contraste saisissant entre la coque bleutée en OIII et les nappes rougeoyantes où l’hydrogène et le soufre se mélangent. L’ensemble baigne dans un océan de filaments extrêmement faibles, vestiges de processus anciens du complexe du Cygne.
Ce qui rend WR134 si fascinante, c’est cette superposition d’époques et de dynamiques : une étoile furieuse au centre, un environnement déjà marqué par d’autres histoires, et entre les deux, une infinité de structures tellement ténues qu’elles ne se révèlent qu’après des dizaines d’heures de pose. Adrien Keijzer nous offre ici une fantastique image, toute en finesse et il incarne ce que nous aimons partager : des passionnés vrais, créatifs, persévérants, et terriblement humains.
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